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Latest revision as of 00:57, 5 November 2024

Jean Richard (1957)

Comédien, Directeur de Cirque

Par Pierre Fenouillet


Signe prémonitoire, Jean Richard (1921-2001) voit le jour le 18 avril 1921 à Bessines, près de Niort, dans une ferme baptisée « La ménagerie ». Som père, Pierre Richard, était un marchand de chevaux; sa mère était née Suzanne Boinot.

Ses premières rencontres avec les « gens du voyage » (la dompteuse Martha la Corse, en particulier) vont lui insuffler la passion des animaux et tout spécialement celle des fauves. Dès l’âge de dix ans, il clame à qui veut l’entendre : « Quand je serai grand, j’aurai un lion ou un tigre dans mon jardin. » Au lycée, Jean Richard, passionné par le dessin, se lance dans la caricature et va même travailler comme illustrateur pour des journaux quotidiens régionaux.

À l’issue de la deuxième guerre mondiale, il devient directeur de tournées théâtrales en Allemagne puis s’illustre sur les planches d’un célèbre cabaret parisien, L’Amiral : il est un comique au parler fleurant bon le terroir français, un personnage naïf et campagnard, le « gars de Champignol ». Il devient aussi acteur, au cinéma dans des comédies de qualité parfois discutable, et au théâtre. En tout, il apparaîtra dans près de 80 films.

Grâce à sa notoriété grandissante, le comédien achète une propriété à Ermenonville, au nord de Paris, où il recueille toutes sortes d’animaux sauvages. Sa ménagerie devient rapidement importante et pour la maintenir, il se voit obligé de l’ouvrir au public en 1956. Sa collection privée est devenue la première en France : c’est le Zoo d’Ermenonville.

Sa passion du cirque ne l’abandonne pas : dresseur amateur, il présente les éléphants africains de Rolf Knie au cirque Medrano de Paris en 1955, et l’année suivante, la cavalerie(French) The ensemble of the horses in an equestrian circus. d’Alexis Gruss au Gala de l’Union des Artistes. Il reviendra au Gala de l’Union des Artistes en 1963 avec un groupe de tigres.

Le Cirque Jean Richard

En 1957, il réalise son rêve le plus fou : partir sur les routes avec un cirque portant son nom, grâce à l’aide de la famille Gruss. Il présente trois numéros (éléphants, lionnes, et un numéro comique du temps de l’Amiral, L’Orphéon de Champignol). Comblé, il déclare, « Chaque soir, quand je rentre dans ma cage, avec mes fauves, je suis payé de toutes mes peines et de tous mes soucis. » Le Cirque Jean Richard reprendra la route en 1958, mais sans son éponyme. (En 1959, les Gruss prendront l’enseigne Grand Cirque de France.)

Le Cirque Jean Richard en 1976
En 1963, Jean Richard crée, sur le modèle américain, le premier parc d’attractions français, à quelques kilomètres de son zoo : La Mer de Sable. Il sera suivi en 1966 d’un second parc attractif, La Vallée des Peaux-Rouges, à Fleurines, dans l’Oise.

Parallèlement, il poursuit sa carrière d’acteur comique au cinéma, de comédien et chanteur d’opérettes au théâtre, et il devient, pour la télévision, l’incarnation du célèbre commissaire Maigret de Georges Simenon, rôle qu’il assurera pendant plus de vingt ans (de 1967 à 1990).

1969 voit la concrétisation de son amour pour la piste avec le lancement de son propre cirque, entièrement neuf du chapiteau(French, Russian) A circus tent, or Big Top. à la dernière des caravanes. Le succès du Cirque Jean Richard est immédiat et trois ans après (1972), il rachète le célèbre cirque Pinder, le cirque français par excellence. Les plus grands artistes du moment se produisent sous ses chapiteaux, et Jean Richard se retrouve à la tête de la plus importante entreprise de cirque en France.

Doté d’une capacité de travail exceptionnelle et d’une mémoire hors du commun, Jean Richard passe constamment du studio radiophonique au plateau télévisé, de la piste de cirque à la scène de théâtre. À qui lui demande comment il arrive à tout faire, il déclare « Mais je suis en vacances, car je ne fais que ce que j’aime ! »

La fin de l'aventure

Affiche du Nouveau Cirque Jean Richard (1976)
Un jour de mai 1973, la machine se grippe. Un terrible accident de la route le laisse entre la vie et la mort pendant trois semaines. Il y aura alors un avant et un après. Il est obligé de déléguer ses affaires. L’entreprise Jean Richard se développe toutefois avec un chapiteau(French, Russian) A circus tent, or Big Top. fixe à Paris, Le Nouvel Hippodrome de Paris (1974-1982) et, en 1976, un troisième cirque itinérant dénommé Nouveau Cirque Jean Richard, puis Medrano (avec la bénédiction de Jérôme Medrano). Mais l’entreprise est devenue est un colosse aux pieds d’argile.

Une première alerte en 1978 nécessite une réorganisation de la société gérante de ses cirques et une nette réduction des frais de fonctionnement : le Nouveau Cirque Jean Richard, qui vient d'être rebaptisé Medrano, doit cesser ses activités au milieu de la tournée, en Juin. Mais ce n’est qu’un sursis : en 1983, c’est le dépôt de bilan et le rachat de ses cirques par un de ses anciens collaborateurs, Gilbert Edelstein.

Jean Richard, le comédien, prend sa retraite en 1990, et il devient en quelque sorte le Sage du Cirque Français. À force d’opiniâtreté, de sacrifices, et surtout de passion, il a rendu ses lettres de noblesses au cirque français, et lui a permis d’être enfin reconnu comme un art à part entière par les pouvoirs publics.

Il s’éteint le 12 décembre 2001, laissant orphelins toute une génération de passionnés de cirque, pour lesquels il devint un personnage culte. (Certains sont aujourd’hui à la tête de cirques français). En 2021 ils célébrèrent le centième anniversaire de sa naissance avec une série de manifestations et dédications à Bessines, où Jean Richard est né, et à Ermenonville, où il vécut.

Pour en savoir plus

  • Jean Richard, Mes bêtes à moi (Paris, Fernand Nathan,1969)
  • Jean Richard, Envoyez les lions (Paris, Fernand Nathan, 1971)
  • Jean Richard, Ces animaux qu’on appelle des bêtes (Paris, Fernand Nathan, 1971)
  • Pierre Fenouillet, Jean Richard et son cirque, ou l’histoire d’une passion (Vieux Boucau, Éditions du Nez Rouge, 1998)
  • Pierre Fenouillet, Jean Richard, le risque-tout du spectacle (Talence, Editions Bastingage, 2011) ISBN 978-2-35060-022-2

Voir Aussi

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